dimanche 29 janvier 2017

La traduction Littéraire - Analogie entre le Théâtre et le match sportif - Ier Partie

Tout d’abord, le théâtre peut être vu comme un affrontement sportif.
Ils ont tous deux pour but de distraire le spectateur. En effet, à travers les différentes représentations et mises en scènes, le théâtre devient incertain comme l’issue d’un match. Louis Jouvet a également souligné qu’ « une œuvre classique est une pièce d’or dont on a jamais fini de rendre la monnaie ». Il met alors en avant la multitude de représentations possibles d’une pièce de théâtre et souligne l’importance de la traduction littéraire. Il a lui-même mis en scène en 1951 Bérénice, pièce tragique de Racine du XVII° siècle. De plus, le théâtre devient un rituel pour le spectateur ; il se prépare plusieurs jours avant de la même façon pour un match ou une représentation. Ceci lui permet de s’échapper de son quotidien, en effet comme l’a souligné Corneille dans Les Illusions Comiques : « Le théâtre ravit tout Paris ». D’où l’importance de la traduction qui permet d’étendre ce plaisir au monde entier. Ainsi, Corneille met en avant la distraction permise par une pièce. Le théâtre peut également être vu et lu chez soi tout comme le sport. Avec les avancées technologiques comme la télévision ou internet ces deux distractions se sont vulgarisées et rependues, cependant sans la traduction littéraire cela aurait était impossible. Ainsi, à travers l’incertitude des représentations et son accessibilité, permise par la traduction, le théâtre devient une distraction au même titre que le sport. De plus, le théâtre est, comme le souligne Ionesco, « antagonismes en présence […] volontés contraires », cela signifie que lors d’une pièce le spectateur assiste à un affrontement entre deux camps comme lors d’un match. Ce principe parfaitement illustré par la comédie de Molière, Tartuffe, où deux camps les « pour Tartuffe » et les « anti-Tartuffe » s’affrontent. La pièce est alors une bataille pour expulser le faux dévot, tartuffe, de la famille. On retrouve dans la pièce Rhinocéros de Ionesco, Bérenger qui lutte seul contre la « Rhinocérite » qui n’est autre que le totalitarisme. Ainsi, avec l’aide de la traduction littéraire, le théâtre devient une bataille universelle et un combat où chaque personnage défend ses idées antagonistes. De plus, le spectateur prendra parti durant la pour une équipe lors d’un match. Le même sentiment advient lors d’une pièce de théâtre. Le dramaturge utilise des procédés, comme l’hyperbole ou la métaphore, et des registres tels que le pathétique ou le fantastique pour éveiller les sentiments des spectateurs. C’est là que réside la difficulté et la subtilité de la traduction littéraire qui doit retranscrire la volonté de l’auteur et éveiller les mêmes sentiments chez le spectateur. Racine dans Phèdre utilise ces procédés comme le registre pathétique pour susciter la pitié du spectateur. Ainsi, le théâtre est un match où les personnages se battent pour défendre des idéaux que le spectateur défendra ou non. Enfin, le théâtre possède un rythme et une dynamique préparée à l’avance. En effet, les dialogues sont rythmés à l’aide de procédés et du style du dramaturge. Le dramaturge peut varier l’intensité des affrontements et des dialogues, ce qui se passe également lors d’un match sportif. Cette variation de rythme est permise par la longueur des répliques, en effet, les stichomythies accélèrent le rythme du récit. La traduction doit alors transmettre cette même rythmique à son lecteur étranger. De plus, l’auteur peut jouer avec les registres, les figures de style, ou encore les exclamations pour ralentir ou accélérer ce combat les personnages, à l’instar du match sportif, la pièce à ses hauts et ses bas. De plus, les sportifs ont besoin d’entrainement et de préparation pour être performants. Il en est de même pour les acteurs qui répètent des semaines, voire des mois avant une représentation. Ainsi, le théâtre est un exercice long et laborieux pour aboutir à une représentation rythmée et dynamique.

Nous pouvons alors dire qu’une pièce de théâtre est semblable à un match, de par la distraction qu’elle amène, ses affrontements entre les personnages et son dynamisme préparé. Cependant, comme toute analogie, cette comparaison a ses limites.   

mardi 24 janvier 2017

Le trois vers du traducteur littéraire - partie II - "L'Existence Le Travail La Realité"

La traduction, vue comme un horizon humain et cosmopolite. Traduire, c’est éprouver jusqu’à quel point les langues entretiennent entre elles un rapport intime. La traduction les fait converger à l’infini....

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Exister, c’est déjà la perfection. Seules les choses parfaites peuvent être dans cet univers. Dès lors qu’elles se dégradent, elles disparaissent dans un autre univers. Notre univers est celui de l’Existence. Réussir à entrevoir un autre univers, c’est comme être un poisson sauteur.

Le travail est un processus de transformation inhérent au cosmos lui-même. Trop ou trop peu de travail mène à l’autodestruction. Une branche avec trop de fruits se cassera et une branche sans fruit sera sans nouvelle vie. Produire plus que notre énergie nous le permet et laisser stagner l’énergie, c’est ouvrir la porte à la maladie.

Les mots sont la métaphore de la réalité. C’est pourquoi l’insulte est le reflet de l’ignominie et la poésie transpose une conscience joyeuse.

lundi 23 janvier 2017

Le trois vers du traducteur littéraire - partie I - "L'Esprit L' Alcool L'Argent"

Quand le traducteur professionnel devient écrivain:

L’esprit est l’intervalle qui se trouve entre la terre et les étoiles. Il est la pluie qui donne la vie mais aussi les nuages qui nous cachent les étoiles. Nous naissons sur terre et nous devons savoir mourir dans les étoiles, en dissipant ces nuages. Il suffit de se laisser guider par notre étincelle divine pour apprécier ce voyage paisible.

L’alcool, c’est comme le feu. C’est joyeux et rassurant, mais c’est dangereux car ça brule et tue. Il faut faire preuve de dextérité et de maîtrise pour se réchauffer sans se brûler. L’alcool doit être vertical, dans la profondeur et l’élévation du moment présent, et non pas horizontal, dans la superficialité et la monotonie du quotidien.

Peu de différence entre l’argent et la viande séchée. En temps d’abondance, il faut faire ses provisions pour se faire plaisir dans les moments de disette. Avoir trop de viande séchée ou vouloir la conserver indéfiniment est inutile car elle pourrira et fera mourir de famine votre semblable.


Auteur: Charles Chaouat - 2016

dimanche 22 janvier 2017

Analogie entre le Théâtre et le match sportif - Introduction

“On est ravi au théâtre, on croit ce que l’on voit”, ainsi Anne Ubersfeld nous présente le théâtre comme une distraction telle que les sports ou un match. En effet, une pièce de théâtre est une représentation où des acteurs entrainés jouent un rôle que les spectateurs admirent et qui leur permet de s’échapper du quotidien. Au même titre que le sport, il s’agit d’un affrontement entre les personnages, qui à travers l’analogie d'Eugène Ionesco : « Il faut aller au théâtre comme on va à un match », sont comparés à des équipes antagonistes, défendant leurs idéaux. La traduction littéraire permet alors de retranscrire cette force du jeu dans plusieurs cultures et langues, afin que les pièces ne perdent pas leur naturel.

Dès lors, nous pouvons nous demander ce qui justifie cette comparaison et quelles en sont les limites ?

Dans un premier temps, nous étudierons les points communs entre le théâtre et le match sportif. Et dans un second temps, nous mettrons en relief leurs différences.

lundi 16 janvier 2017

L'amour en vers : le traducteur littéraire devient poète

Le traducteur littéraire se libère dans la création d'un poème sur l'Amour.

Le véritable amour est un espace de liberté.

C’est la liberté que l’on prend d’être aimé tel que l’on est, sans masque et sans mensonge, en étant tout simplement, avec tous nos côtés sombres.

C’est la liberté que l’on laisse à l’autre de s’en aller pour mieux se comprendre, pour mieux se trouver, sans l’emprisonner dans nos mensonges.

Le véritable amour ne peut être reçu que s’il a été donné.

L’amour est un espace de liberté où chacun des partenaires peut devenir la meilleure version de lui-même ou d’elle-même et ensuite partager cette meilleure version avec l’autre, dans un cycle infini.

Le volcan de la colère doit être vu depuis son cratère et non pas depuis l’intérieur.

Libérer son âme passe par l’abolition des six émotions négatives que sont la colère, l’avarice, l’orgueil, le désir, la peur et l’ignorance.

Le jeu des espaces : atrophier par les autres implique la création de son espace interne. La vue engendre la libération des conditionnements externes à tout jamais.

Auteur : Charles Chaouat (Décembre 2016)

mercredi 11 janvier 2017

La question de l’Homme par la métamorphose à travers la traduction littéraire



La métamorphose, du grec « meta » : changement et « morfée » : forme, est un sujet qui intéresse et intrigue depuis l’Antiquité, de plus, la traduction professionnelle permet encore aujourd’hui d’en retranscrire la puissance. Les transformations de l’Homme peuvent être diverses, morales ou physiques, elles permettent à l’artiste d’exprimer son point de vue sur la condition humaine.

Tout d’abord, Ovide consacre plus de douze mille vers et quinze livres à La Métamorphose. À travers son long poème épique datant de l’an 1, l’écrivain romain se pose comme légitime héritier de la culture gréco-romaine. Son œuvre traduit un aspect inquiétant de la métamorphose qui y devient irrémédiable et qui scelle définitivement le destin des héros. Cependant, les causes de la transformation humaine sont diverses, due à une punition des Dieux mais également à une récompense. En effet, comme le sait tout bon traducteur littéraire, dans le mythe de Pygmalion, sa statue dont il est éperdument amoureux devient femme par l’intervention divine d’Athéna. Le procédé d’humanisation est alors intéressant, « statue animée rougit, ouvre les yeux », il remet en cause également le rôle et la place de la femme. Ce questionnement est parfaitement retranscrit par la traduction culturelle, qui ravive les archétypes. Ainsi, la métamorphose devient une porte d’accès à un monde inconnu, elle permet une échappatoire pour obtenir une vision nouvelle de l’univers qui nous entoure.

Ensuite, ce thème est repris bien des siècles plus tard par Kafka dans La Métamorphose. L’homme devient un insecte par une transformation rapide et inattendue. Contrairement à Ovide, celle-ci s’opère sans réelles raisons apparentes. Il s’agit d’un bouleversement absurde de la condition du héros qui devient inutile et marginal. Exclu par sa famille, il se métamorphose aussi moralement ne voulant plus vivre, n’étant plus humain. La déshumanisation d’un homme quelconque ouvre la réflexion sur l’existence elle-même, comme le souligne Kafka : « exprimons le désespoir de l’Homme devant l’absurdité de l’existence ». La traduction d’ouvrage doit alors permettre de faire naitre chez le lecteur les mêmes sentiments profonds que souligne l’auteur. Ici, l’homme ne se reconnait plus par ses actes et son apparence, de plus il n’existe plus aux yeux des autres et face à soit même, il ne voit qu’un « monstrueux insecte ». Ainsi, Kafka, à travers la métamorphose ouvre la réflexion sur la perception et de soi-même face au changement. Il remet en cause l’identité de l’homme par son apparence transformée, tout comme le mythe de Thésée

Enfin, le tableau surréaliste de Dalí, La Métamorphose de Narcisse peint en 1937, caractérise sa représentation du « poème paranoïaque ». Il s’agit d’un terme utilisé par le peintre pour décrire « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique des interprétations délirantes ». Ainsi, transposé dans une autre langue la subtilité de la pensée de Dalí requiert la maitrise et le savoir des traducteurs professionnels.  De plus, la représentation de l’homme comme il se perçoit dans cette œuvre, dénote une obsession pour lui-même. Comme le souligne Ovide, l’Homme est « éprit de son image » et ne peut se séparer de son reflet tout en se dépérissant. Cependant la métamorphose peinte par Dalí est peu claire et laisse le spectateur pensif. En effet, il est impossible de connaître le sens de la transformation : Qui est la fausse ? Qui est la vraie ? face de l’Homme et du traducteur.

Finalement, la métamorphose est un thème récurrent utilisé notamment au XX° siècle. Cette méthode permet de souligner, tout d’abord, les aspects négatifs de l’Homme : sa face cachée. Ensuite, la futilité et vulnérabilité de l’existence est mise en avant. Et enfin, l’artiste défet la perception que l’homme a de soi-même et sa volonté à se conformer. Tout comme dans Rhinocéros de Ionesco où la résistance face à la métamorphose dénonce le conformisme : « ce sont toujours les consciences isolées qui contre tous représentent la conscience universelle ».
La traduction permet alors aux artistes de véhiculer leurs idées dans le monde entier, et pour pouvoir en retranscrire la subtilité le traducteur d’ouvrage se doit d’être érudit et judicieux.

vendredi 6 janvier 2017

Le Théâtre et sa diffusion via la traduction des œuvres : un art engagé pour les traducteurs littéraires

 « Rien de plus futile, de plus faux, de plus vain, rien de plus nécessaire que le théâtre ». Ainsi, Louis Jouvet à travers cette énumération de contradictions décrit la nécessité d’aller au théâtre. En effet, le théâtre, art antique, suscite toujours l’intérêt du publique. D’Eschyle à Olivier Py en passant par Shakespeare, Racine, Molière et Victor Hugo, le théâtre n’a cessé de se renouveler, d’évoluer avec la société et la majeure partie de leurs œuvres ont fait l’objet de traduction littéraire.  Ainsi, à travers les époques, les nations et les formes, théâtre reste un lieu fréquenté et apprécié par le public. Dès lors, nous pouvons nous demander pourquoi le spectateur se déplace-t-il pour assister à une représentation théâtrale qu’elle soit traduite ou non ? Tout d’abord, nous aborderons l’aspect divertissant du théâtre. Ensuite, nous mettrons en avant les missions et le message du théâtre.

  Le spectateur recherche dans une pièce de théâtre le divertissement et l’évasion du quotidien.
 Dans un premier temps, le théâtre plait à voir et émerveille. En effet, chaque représentation d’une même pièce et différente selon le metteur en scène. Ainsi, même si le spectateur connait le récit, il est souvent intrigué par la mise en scène. Comme le dit Antoine Vitez, « ...Une mise en scène n’est jamais neutre. Toujours, il s’agit d’un choix. » Chaque metteur en scène a sa propre technique, comme Robert Wilson qui dans ses pièces joue avec les acteurs et les lumières comme un musicien avec ses notes. « Je crois avant tout en un théâtre formel. (…) Mes textes ne cherchent pas à raconter une histoire, mais ils sont construits comme d’authentiques partitions musicales.» Il cherche à éveiller les sens des spectateurs comme dans son interprétation très moderne de la fable Les animaux malades de la peste de Jean de la Fontaine. Alors que Fabrice Lucchini choisit simplement de lire les fables sur scène. Les mises en scènes sont alors différentes. Cependant derrière chacune d’entre elles, il y a un travail de costumes et de décors surprenants. En effet, le spectateur est souvent émerveillé par le jeu des acteurs et leurs costumes, mais aussi par les décors qui évoluent avec le temps. Par exemple, on utilise aujourd’hui de nombreuses technologies pour surprendre le public comme l’utilisation des écrans sur scène par Lucille Calmel. De plus, le fait d’aller au théâtre est un rituel pour le spectateur. Il doit se préparer et sortir de sa routine quotidienne. Ainsi, le théâtre permet une évasion, de par les mises en scène le spectateur est toujours intrigué et émerveillé.

  De plus, le théâtre permet au spectateur de rire. En effet, les comédies ou farces sont une source d’amusement pour le spectateur et leurs traductions relèvent de l’art de la transcréation. Depuis Plaute qui s’attache à ridiculiser les caractères comme le mari trompé dans Amphitryon, la comédie se base sur différents procédés pour divertir le spectateur. Tout d’abord, La Commedia dell’Arte basée sur une intrigue principale et l’improvisation des acteurs dans des rôles cultes tel que Arlequin, est au XVI° siècle très appréciée. Comme le Vaudeville et les comédies, ces pièces sont basées sur des quiproquos et des comiques de situation, gestes, caractères… Ainsi, à travers différents procédés la comédie transporte le spectateur en le faisant rire, comme le disait Charles Chaplin “L'art de jouer la comédie, c'est l'art de se détendre.”

  Enfin, l’évasion et le rire sont également permis par la « magie » du théâtre. En effet, le spectateur est plongé dans la pièce et ne se rend plus compte du temps qui passe. Selon Corneille dans L’Illusion Comique, il se délaisse de « pesant fardeau ». Le metteur en scène crée alors une illusion et « ensorcelle » le spectateur comme Alcandre le fait avec Pridamant pour lui faire croire en la mort de son fils. Cependant, pour cela, il faut créer une mise en abyme comme l’a fait Molière dans L’Impromptu de Versailles. Ainsi le spectateur se reconnait dans les personnages et semble oublier la réalité. Mais, selon Anne Ubersfeld « On est ravi au théâtre, on croit ce que l’on voit, mais on ne perd jamais de vue que nous sommes au théâtre ». Ainsi, le théâtre et la mise en abyme permettent au spectateur d’oublier ses fardeaux quotidiens mais il ne doit pas omettre que cela n’est qu’un divertissement. La traduction des œuvres théâtrales est l’art qui consiste à localiser les fardeaux quotidiens du spectateur.  

  Nous pouvons alors dire que le spectateur va au théâtre pour être émerveillé et transporté, mais également pour rire et se divertir. Ainsi, le théâtre est une échappatoire qui permet de sortir du quotidien sans totalement oublier la réalité. Cependant, le théâtre est également porteur d’un message et de réflexions. Et la traduction de certaines pièces de théâtre des plus connues et renommées a pu prendre plusieurs décennies voire siècles avant d’être réalisée. En effet, le contexte politique et socio-culturel du pays de destination a souvent été un facteur bloquant de la diffusion des œuvres traduites.

  Le spectateur se rend également au théâtre pour s’interroger et s’instruire. En effet, le théâtre tragique libère le spectateur de ses passions négatives en les exprimant symboliquement. Selon Aristote, " En représentant la pitié et la terreur, [la tragédie] réalise une épuration [katharsis] de ce genre d'émotions ». Ainsi, à travers l’accomplissement des actes les plus nobles, la tragédie rend possible la purgation des sentiments de terreur et de pitié que le spectateur ressent à la vue des malheurs dont les personnages sombrent par fatalité. En effet dans Andromaque, Racine démontre au spectateur les dangers de l’amour, en mettant en scène plusieurs amours non partagés qui induisent la mort des héros.  De ce fait, la tragédie, à l’instar du rêve, libère le spectateur de ses passions inavouées et négatives. La traduction de scénarios tragiques a été beaucoup plus rapide et diffusée que celle des œuvres théâtrales contemporaines de leur époque.

   De plus, le spectateur souhaite tirer de la pièce un enseignement conscient. En se plongeant dans la pièce, il comprend plus encore la morale et le message du dramaturge. En effet, selon Molière « Le devoir de la comédie est de corriger les hommes en les divertissant ». Ainsi ses comédies sont plus que du divertissement et des situations comiques, mais surtout un enseignement comme la dénonciation des médecins dans Le Médecin malgré lui. Ainsi, le théâtre permet également au spectateur de se rendre compte de la société dans laquelle il vit, ou ont vécu ses ancêtres pour ne pas commettre les mêmes erreurs.

  Enfin, nombreux sont les dramaturges qui défendent des causes importantes et leurs opinions dans leurs pièces. En effet, le théâtre est un art engagé que la traduction ne doit en aucun cas censurer. Selon Victor Hugo, “Le théâtre est une tribune. Le théâtre est une chaire. Le théâtre parle fort et parle haut”. Durant l’antiquité, le théâtre permet au spectateur de mieux comprendre la politique, et le pouvoir, comme dans Antigone, où Sophocle critique la tyrannie et magnifie la souveraineté du peuple. Les engagements du théâtre ont également évolué avec la société. Ainsi, Ionesco, en 1959 après la chute du nazisme, critique les régimes totalitaires et met en garde le spectateur par le rire dans sa pièce Rhinocéros. Et encore aujourd’hui les dramaturges restent engagés, selon Py, c’est « L’homme qui essaie de raccommoder l’unité perdue ». Ainsi, à travers différentes formes de théâtre, le spectateur peut prendre du recul sur la société et se faire sa propre idée sur le monde qui l’entoure. D’où l’importance fondamentale d’une traduction efficace et rapide pour une diffusion mondiale s’adressant à tous les spectateurs.

  En conclusion, le spectateur se rend au théâtre pour deux raisons majeures. Tout d’abord, il souhaite se distraire et plonger dans le récit pour oublier quelques instants la réalité. Ensuite, cette immersion lui permet de s’instruire et s’interroger sur le monde qui l’entoure. Ainsi, ses motivations et attentes se complètent et le spectateur ressort du théâtre plus détendu mais également plus réfléchi.
  De plus, le théâtre est un art écrit qui peut ne pas être mis en scène mais simplement lu.