mardi 4 avril 2017

Le lyrisme et le traducteur



“Peuples ! Ecoutez le poète !  Ecoutez le rêveur sacré ! ». Ainsi, Victor Hugo déclame l’importance du poète et de la poésie. Cependant, le poète est toujours décrit comme ce « rêveur sacré », il s’agit du mythe du poète traducteur inspiré, éclairé par un esprit divin, remontant au temps de Platon. La poésie serait alors une manifestation divine que le poète vit à travers ses sentiments. Ainsi, née la dimension lyrique de la poésie. Cependant, le mot poésie dérive lui-même du verbe grec « poien » qui signifie « créer ». Aussi, le poète est celui qui crée à partir de mots. Son travail est vu comme l’aboutissement de la perfection du langage. Il est alors légitime de se demander à quoi est destiné ce genre littéraire. Nombreux sont ce qui le décrive comme l’aboutissement de l’expression sentimentale du poète. Il s’agirait alors d’un genre purement lyrique dont le but est l’évocation des sentiments. Dès lors, nous pouvons nous demander si la poésie n’est que l’épanchement lyrique du poète.
Dans un premier temps, nous évoquerons l’aspect lyrique de la poésie qui permet à l’auteur l’expression de ses sentiments. Dans un second temps, nous mettrons en avant d’autres aspects de l’écriture poétique qui font la richesse de genre littéraire.

D’une part, le genre poétique est destiné à l’expression sentimentale du poète.
Tout d’abord, la poésie est née en Grèce antique et dérive du mythe d’Orphée qui met en valeur l’aspect lyrique de ce genre. Orphée est déclamé par Ovide et ensuite, par Virgile comme ayant un don réel pour la musique et la composition. Ainsi, Apollon, dieu de la lumière, lui offre une lyre à sept cordes, d’où dérive le mot lyrisme. Ce héro mythique est reconnue pour avoir surmonté toutes les difficultés grâce à sa prose. En effet, par amour pour Eurydice, il est allé jusqu’en enfer. Le poète traducteur est alors symbolisé par le personnage d’Orphée. Il s’agit d’un héros qui par sa poésie sentimentale émeut même les dieux des enfers. Ce mythe, symbole du lyrisme poétique, est repris maintes fois dans la littérature. En effet, Apollinaire en 1910 décrit la poésie d’Orphée comme « la voix que la lumière fit entendre ». Et plus tard, Sartre compare Senghor, poète africain, à un « Orphée noir » car il doit puiser dans son être la force pour écrire ses poésies aux émotions profondes qui résultent d’une lutte pour la négritude. Ainsi, Le mythe d’Orphée et Eurydice rappelle la nature lyrique de la poésie qui a pour dessein charmer et émouvoir.
De plus, la poésie lyrique résulte d’une tradition littéraire traduite en plusieurs langues. En effet, le sonnet illustre cet idéal poétique où le texte doit charmer et émouvoir le lecteur ou la lectrice. Nous nous referons à la poésie « courtoise » où l’amour est une vertu noble que chaque chevalier doit posséder. Comme le souligne Marie de France dans le Lai de chèvrefeuille : « ni vous sans moi, ni moi sans vous », ce vers suggère alors l’importance de la poésie amoureuse. Plus tard, le sonnet né en Italie, de la prose de Pétrarque nous retrouvons cet idéal féminin, Laure, qui est une source de sentiments poétiques. Louise Labé, Du Bellay, ou encore Ronsard utilisent ce même thème de l’amour qui leur inspire des sentiments dualistes, que l’on reconnait dans ce vers de Labé « je vis, je meurs ». Ces poètes humanistes mettent en place les fondements de la poésie et de la langue française. Ils deviennent alors un modèle pour différents courants poétiques comme La poésie précieuse qui reprend le thème de La belle Matineuse. Et plus tard, Baudelaire, le poète moderne par excellence, usera la forme poétique du sonnet pour exprimer l’ambigüité amoureuse, comme dans son poème A une Passante. Ainsi, nous comprenons en quoi la forme poétique est indissociable de l’expression des sentiments.
 Cependant, la traduction de la poésie lyrique n’est pas bornée à l’épanchement de sentiments amoureux et la forme du sonnet. En effet, la poésie permet une liberté que ne permettent pas les autres genres littéraires. Il n’y pas de longueur définie, ni de structure imposée, les interprétations elles-mêmes peuvent être multiples. La poésie permet alors à l’auteur d’ouvrir son esprit, comme le fait Baudelaire dans Les Fleurs du Mal.  En effet, il dit lui-même ce qu’il ressent dans ce recueil autobiographique de plus de 120 poèmes, « Le diable […] je le sens en moi ! », ainsi, il exorcise ses propres douleurs à travers une poésie nouvelle mais sentimentale.  Le poète fait part de ses angoisses et ses difficultés, « Que les jours de malheur ? », Lamartine, dans Le Lac, se demande la place du bonheur dans la vie d’un homme. De plus, la femme est pour le poète un tremplin pour l’expression sentimentale. Cette poésie lyrique va plus loin que l’amour car la femme y est idéalisée, elle représente l’état d’esprit du poète plus que la femme en elle-même. Dans le poème Elle était déchaussée de Victor Hugo la jeune fille symbolise une volonté d’évasion du poète, une fuite de son époque où tout est si faux et complexe. Baudelaire incarne ce Spleen, cette fuite du temps, il utilise un lyrisme « noir » pour dénoncer ce mal être intérieur, ce « venin ». Finalement, cet épanchement sentimental permet aussi au lecteur de ce reconnaître dans cette poésie qui transcende le langage pour toucher l’essence de l’esprit humain.

Nous pouvons ainsi dire que le poète use de la poésie pour exprimer ses sentiments. Cependant, ce genre littéraire ne se borne pas seulement au lyrisme, il est, aujourd’hui, composé de milliers de poésies traduites aux thèmes variés.

(première partie)

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