lundi 6 mars 2017

La traduction littéraire et 5 poèmes des Fleurs du Mal, Baudelaire, 1858

La traduction littéraire moderne requiert une connaissance pointue de la littérature. C’est pourquoi, je vous présente quelques poèmes des Fleurs du Mal, chef d’œuvre de la littérature française, comprenant 100 poèmes presque autobiographiques de Charles Baudelaire.

Le premier poème s’intitule Spleen LXII et fait partie de la première section du recueil : « Spleen et Idéal ». Il clôt la série des quatre Spleen et reprend le thème cher à Baudelaire du « Spleen », mot empreinté à l’anglais signifiant à cette époque, l’angoisse liée à la modernité. Ce qui fait le charme particulier de ce poème est l’évocation de ce monde affreux mais envoutant décrit par le poète. Cependant, ce poème reste objectif et universel. Comme le veut Baudelaire, le Spleen est empreint d’une « impersonnalité volontaire ». Cette poésie semble être une peinture du monde angoissé qui habite le cerveau de l’auteur. Les nombreuses comparaisons entre des concepts que l’Homme ne peut toucher tels que le « ciel » ou l’ « Espérance », et des objets du quotidiens comme un « couvercle » rendent le Spleen réel et palpable. De nombreux termes péjoratifs tels que « pourris » ou encore l’oxymore « jour noir », nous permettent de comprendre ces passages entre le monde extérieur et intérieur du poète. Ce dernier se transforme en une « vaste prison » qui ronge le poète. Enfin, le charme particulier du poème est dû à une peinture réaliste et précise de ce monde à l’intérieur de notre esprit où vivent nos espoirs et angoisses sans nom, ni réalité. Le poète réussit à poser des mots sur l’indicible.

Le deuxième poème s’intitule La mort des artistes, il clôt le recueil et le voyage poétique de Baudelaire. Ce qui fait le charme de ce sonnet est le mélange de la mort et de l’artiste. Baudelaire nous fait découvrir la réalité de l’artiste. Cet artiste semble être comparait au fou du Roi par les termes « grelots », « caricature ». Le poète en fait un portrait péjoratif à travers les noms « sanglots »et « damnés ». Le sonnet, emblème de la poésie classique, permet de souligner la grandeur du poète, mais finalement Baudelaire en conclut que plus il écrit plus il se perd. Ainsi, l’artiste devient un être fou en recherche de l’impossible, leur « Idole », la perfection. Pour clore son recueil, ce poème est alors une ultime péripétie poétique qui nous plonge vers l’inconnu et le nouveau à travers le thème d’une mort psychologique et un renouveau.

Le troisième poème s’intitule L’Horloge, ajout de l’édition de 1861. Ce dernier est composé de six quatrains, inspiré du poète Gautier. Ce qui fait le charme de ce poème est la personnification de l’Horloge et même du temps qui débute avec une interjection « Horloge ! ». De plus, le thème de ce poème est universel de par les termes en différentes langues. L’horloge devient une allégorie du temps qui passe et donc de l’angoisse de l’Homme à son égard. Ce poème est riche en exclamation ce qui interpelle le lecteur. Ainsi, Baudelaire reprend la thématique de la fuite du temps de façon réelle et intense.

Le quatrième poème est un sonnet intitulé La beauté faisant partie de la section « Le spleen et l’idéal » des Fleurs du Mal. Ce poème a pour thème la Muse et la Beauté. En effet, Baudelaire utilise la métaphore de la sculpture et de la matière tout comme dans le parnasse. La femme devient le guide de l’artiste. Le poète souligne l’importance de la muse mais également la difficulté de l’artiste à la comprendre et à retranscrire sa beauté fascinante. Dans, ce poème, la femme n’est citée que par des synecdoques comme « yeux ». Elle a un aspect universel et reposant, immobile comme la beauté des grands monuments. Ainsi, Baudelaire souligne l’importance de la muse et finalement attribue une place à la Femme dans la création artistique.

Le dernier poème, composé de seize distiques, s’intitule Abel et Caïen et fait partie de la section « Révolte » du recueil. Il fait référence à l’épisode biblique où Caïen tue Abel par jalousie et fut punit. Dans ce poème, on observe pour les douze premiers distiques deux anaphores, sa forme particulaire crée son charme. Ensuite, Baudelaire utilise de nombreux termes péjoratifs comme « meurs », « supplice » concernant Caïen. Ce qui suscite la pitié du lecteur, alors que Abel est décrit comme profitant de la vie au dépende de son frère, « chauffe ton ventre » contre « tremble de froid » pour Caïen. Cette opposition crée alors une inversion des valeurs confirmée au dernier distique. Après la justification de l’acte de Caïen, Baudelaire le place au Cieux à la place de Dieu. Ainsi, l’inversion des valeurs bibliques permet un questionnement de nos valeurs et souligne une volonté de révolte chez le poète.

La courte analyse de ces quelques problèmes permet de mieux comprendre l’état d’esprit et les angoisses du célèbre poète. Ainsi, il est dur de retranscrire la puissance des vers de Baudelaire dans une traduction 'transcréé', on peut y perdre la dimension mystérieuse et complexe si caractéristique du poète. C’est pourquoi le traducteur littéraire doit constamment enrichir sa culture pour réussir à retranscrire les vers poétiques.


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