Nous découvrons alors une autre poésie dont les buts sont variés.
Tout d’abord, la poésie semblerait n’avoir d’autre dessin qu’elle. En effet, « L’art pour l’art » est selon Gautier le plus important. Ainsi, les parnassiens au XIX siècle glorifient le travail du poète traducteur et non pas l’évocation sentimentale. Il s’agit d’une poésie travaillée où la maitrise de la langue est mise à l’honneur. Les poètes et les traducteurs utilisent également des formes fixes comme le sonnet pour leur beauté et perfection. On retrouve souvent des métaphores filées comme celle de la sculpture. Le Sonnet en X de Mallarmé symbolise cette volonté d’une poésie travaillée. En effet, les rimes sont en « yx » et reprennent le thème de la sculpture, « onyx ». Nous retrouvons l’expression sentimentale avec le terme « angoisse ». Cependant ce n’est pas le dessein de cette poésie, il s’agit d’un tremplin pour arriver à l’art parfait. Ainsi, cette poésie devient universelle, sans but à part elle-même. Des sentiments peuvent être évoqués mais il ne s’agit que d’un motif littéraire pour atteindre une perfection du langage originel et traduit.
De plus, la poésie peut être également épique. C’est-à-dire, une poésie où des personnages évoluent dans un univers imaginé par l’auteur et le traducteur. En effet, Homère est l’un des premiers poètes à évoquer dans l’Iliade et l’Odyssée les aventures et les guerres de personnages mythologiques comme Ulysse ou Achille. Ces héros vivent des aventures à travers des vers construits et réguliers. Ces poèmes épiques sont alors la base de la culture hellénique, mais aussi de notre culture occidentale. Cette poésie a un impact fort sur la littérature et aussi sur l’art en générale. En effet, elle a été adaptée au cinéma maintes fois comme en 2004 avec le film Troie. On retrouve d’autres auteurs et traducteurs littéraires qui exploitent le caractère épique de la poésie comme Virgile mais aussi Voltaire. Il publie la Henriade en 1723, ce poème épique comprend 10 chants et des alexandrins qui sont un hommage vibrant à Henry IV et à la tolérance. Ce philosophe des lumières prend la place de ce célèbre Roi de France pour démontrer la nécessité de la liberté de culte. La poésie épique est alors selon Domairon : « L’Épopée est le récit poétique d'une action héroïque et merveilleuse. Le récit est ce qui la distingue de la tragédie et ce qu'elle a de commun avec l'histoire ; le récit poétique, c'est-à-dire orné de fictions, est ce qui la distingue de celle-ci ; l'action héroïque est ce qui la distingue des petits poèmes et du roman, dont le fond est toujours une historiette ou une intrigue amoureuse. L'action merveilleuse est ce qui la caractérise essentiellement ». Ainsi, la poésie est un genre hétéroclite passant du sonnet lyrique au long poème épique pouvant concurrencer avec de nombreux romans ou des pièces tragiques.
Enfin, la poésie reflète aussi l’engagement de l’auteur. En effet, ce dernier peut défendre à travers ses œuvres poétiques ses idéaux et dénoncer l’injustice. Le poème peut servir d’arme simple et efficace contre la perfidie de l’Homme. Les Fables de La Fontaine sont des poèmes où le fabuliste distille une morale comme dans La cour du Loin où il conseille à l’homme de se montrer prudent à l’égard des puissants. De plus, Victor Hugo dans son poème Souvenir de la nuit du 4 dénonce le coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte. « L'enfant avait reçu deux balles dans la tête. », son premier vers résume l’injustice et l’horreur de cette action politique qui induit des actes injustifiés. D’autres poèmes d’Hugo comme Melancholia, reflètent son engagement politique et sa lutte contre la misère. Plus tard durant la Seconde Guerre Mondiale, Eluard révèle son engagement résistant dans son poème Liberté qui dans un premier temps était lyrique et célébrait son amour pour la femme. Par la suite ce poème devient un éloge à cette liberté perdue que le poète veut retrouver en résistant. En effet, à la fin de ce long poème construit sur des parallélismes et des anaphores, Paul Eluard finit par retrouver cette liberté :
« Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté. »
Ainsi, la poésie permet de souligner l’engagement du poète en dépassant l’aspect sentimental et combattant pour ses idéaux.
En conclusion, la poésie est traditionnellement connue pour l’évocation des sentiments du poète et de son traducteur. Cette poésie permet une remise en question du poète mais aussi du lecteur. Cependant, la poésie ne se borne pas au lyrisme. Il s’agit d’un genre littéraire riche, qui permet même de raconter des épopées. Mais finalement, la poésie ne semble pas avoir un but défini, ce dernier change selon l’appréciation du poète. A vrai dire, il s’agit aujourd’hui d’un genre libre qui permet l’expression de la pensée.
Cependant, la poésie n’est pas le seul moyen d’exprimer ses pensées et ses idéaux, il existe dans l’Art de nombreux moyens comme le cinéma, la peinture ou la chanson.
Ce blog cherche établir un pont entre la traduction professionnelle et la culture. En effet, dans le monde actuel connecté, la traduction est la clef qui permet de diffuser ses idées. Cependant, cet exercice n’est pas simple, il requiert une maitrise et une culture de la langue que peu de personnes possèdent. Différentes pistes de réflexions sur l’écriture et la culture sont proposées pour mieux comprendre les enjeux de la traduction, qui fait le lien entre l’auteur et le monde entier.
mercredi 5 avril 2017
mardi 4 avril 2017
Le lyrisme et le traducteur
“Peuples ! Ecoutez le poète ! Ecoutez le rêveur sacré ! ». Ainsi,
Victor Hugo déclame l’importance du poète et de la poésie. Cependant, le poète
est toujours décrit comme ce « rêveur sacré », il s’agit du mythe du
poète traducteur inspiré, éclairé par un esprit divin, remontant au temps de Platon. La
poésie serait alors une manifestation divine que le poète vit à travers ses
sentiments. Ainsi, née la dimension lyrique de la poésie. Cependant, le mot poésie
dérive lui-même du verbe grec « poien » qui signifie
« créer ». Aussi, le poète est celui qui crée à partir de mots. Son
travail est vu comme l’aboutissement de la perfection du langage. Il est alors
légitime de se demander à quoi est destiné ce genre littéraire. Nombreux sont
ce qui le décrive comme l’aboutissement de l’expression sentimentale du poète.
Il s’agirait alors d’un genre purement lyrique dont le but est l’évocation des
sentiments. Dès lors, nous pouvons nous demander si la poésie n’est que
l’épanchement lyrique du poète.
Dans un premier temps, nous évoquerons l’aspect lyrique
de la poésie qui permet à l’auteur l’expression de ses sentiments. Dans un
second temps, nous mettrons en avant d’autres aspects de l’écriture poétique
qui font la richesse de genre littéraire.
D’une part, le genre poétique est destiné à l’expression
sentimentale du poète.
Tout d’abord, la poésie est née en Grèce antique et
dérive du mythe d’Orphée qui met en valeur l’aspect lyrique de ce genre. Orphée
est déclamé par Ovide et ensuite, par Virgile comme ayant un don réel pour la
musique et la composition. Ainsi, Apollon, dieu de la lumière, lui offre une
lyre à sept cordes, d’où dérive le mot lyrisme. Ce héro mythique est reconnue
pour avoir surmonté toutes les difficultés grâce à sa prose. En effet, par
amour pour Eurydice, il est allé jusqu’en enfer. Le poète traducteur est alors symbolisé
par le personnage d’Orphée. Il s’agit d’un héros qui par sa poésie sentimentale
émeut même les dieux des enfers. Ce mythe, symbole du lyrisme poétique, est
repris maintes fois dans la littérature. En effet, Apollinaire en 1910 décrit
la poésie d’Orphée comme « la voix que la lumière fit entendre ». Et
plus tard, Sartre compare Senghor, poète africain, à un « Orphée noir »
car il doit puiser dans son être la force pour écrire ses poésies aux émotions
profondes qui résultent d’une lutte pour la négritude. Ainsi, Le mythe d’Orphée
et Eurydice rappelle la nature lyrique de la poésie qui a pour dessein charmer
et émouvoir.
De plus, la poésie lyrique résulte d’une tradition
littéraire traduite en plusieurs langues. En effet, le sonnet illustre cet idéal poétique où le texte doit
charmer et émouvoir le lecteur ou la lectrice. Nous nous referons à la poésie
« courtoise » où l’amour est une vertu noble que chaque chevalier
doit posséder. Comme le souligne Marie de France dans le Lai de chèvrefeuille : « ni vous sans moi, ni moi sans
vous », ce vers suggère alors l’importance de la poésie amoureuse. Plus
tard, le sonnet né en Italie, de la prose de Pétrarque nous retrouvons cet
idéal féminin, Laure, qui est une source de sentiments poétiques. Louise Labé,
Du Bellay, ou encore Ronsard utilisent ce même thème de l’amour qui leur
inspire des sentiments dualistes, que l’on reconnait dans ce vers de Labé
« je vis, je meurs ». Ces poètes humanistes mettent en place les
fondements de la poésie et de la langue française. Ils deviennent alors un
modèle pour différents courants poétiques comme La poésie précieuse qui reprend
le thème de La belle Matineuse. Et
plus tard, Baudelaire, le poète moderne par excellence, usera la forme poétique
du sonnet pour exprimer l’ambigüité amoureuse, comme dans son poème A une Passante. Ainsi, nous comprenons
en quoi la forme poétique est indissociable de l’expression des sentiments.
Cependant, la traduction de la poésie lyrique n’est pas bornée à l’épanchement de sentiments amoureux et la
forme du sonnet. En effet, la poésie permet une liberté que ne permettent pas
les autres genres littéraires. Il n’y pas de longueur définie, ni de structure
imposée, les interprétations elles-mêmes peuvent être multiples. La poésie
permet alors à l’auteur d’ouvrir son esprit, comme le fait Baudelaire dans Les Fleurs du Mal. En effet, il dit lui-même ce qu’il ressent
dans ce recueil autobiographique de plus de 120 poèmes, « Le diable […] je
le sens en moi ! », ainsi, il exorcise ses propres douleurs à travers
une poésie nouvelle mais sentimentale.
Le poète fait part de ses angoisses et ses difficultés, « Que les
jours de malheur ? », Lamartine, dans Le
Lac, se demande la place du bonheur dans la vie d’un homme. De plus, la
femme est pour le poète un tremplin pour l’expression sentimentale. Cette
poésie lyrique va plus loin que l’amour car la femme y est idéalisée, elle
représente l’état d’esprit du poète plus que la femme en elle-même. Dans le
poème Elle était déchaussée de Victor
Hugo la jeune fille symbolise une volonté d’évasion du poète, une fuite de son
époque où tout est si faux et complexe. Baudelaire incarne ce Spleen, cette
fuite du temps, il utilise un lyrisme « noir » pour dénoncer ce mal
être intérieur, ce « venin ». Finalement, cet épanchement
sentimental permet aussi au lecteur de ce reconnaître dans cette poésie qui
transcende le langage pour toucher l’essence de l’esprit humain.
Nous pouvons ainsi dire que le poète use de la poésie
pour exprimer ses sentiments. Cependant, ce genre littéraire ne se borne pas
seulement au lyrisme, il est, aujourd’hui, composé de milliers de poésies traduites aux
thèmes variés.
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